𝐍𝐔𝐍𝐀 : Tu t’appelles Thibault, tu es créateur, compositeur et interprète du projet musical ETAT LIMITE (black metal atmosphérique) sur lequel tu travailles avec Fred alias Usher depuis 2021 .
Ton nom d’artiste est Wintersieg, d’où vient ce nom, que signifie t-il pour toi ?
𝐖𝐈𝐍𝐓𝐄𝐑𝐒𝐈𝐄𝐆 : Wintersieg est un pseudonyme que j’utilise dans mes projets solo depuis 2005 à peu près. C’est un mot que j’ai créé à partir de deux mots allemand : « Winter », l’hiver et « Sieg », la victoire. On pourrait donc le traduire par « Victoire de l’hiver ». Je ne sais pas du tout si ce mot existe en allemand, probablement que non, je ne me suis jamais renseigné et cela m’importe peu de toute façon.
Quand j’ai créé mon premier projet musical en 2003 (Deinos Mastema), j’avais choisi comme pseudo Lord Mastema, mais je me suis vite rendu compte que ça sonnait un peu prétentieux et ridicule, trop convenu. J’ai alors décidé de créer un nom unique et ainsi naquit Wintersieg.
Pourquoi ai-je choisi l’allemand ? Je ne m’en souviens plus vraiment, j’étais encore jeune, probablement parce que j’ai toujours aimé cette langue et parce que je trouvais que ça sonnait « black metal ». Quant à la signification ? Il ne faut pas chercher très loin : l’hiver et la neige font très black metal, et j’aime l’hiver et je faisais du black metal, donc je trouvais que c’était à propos. Il n’y a pas de raisons plus profondes quant au choix de ce pseudo.
𝐍𝐔𝐍𝐀 : Et toi, qui es tu et d’où viens-tu ?
𝐖𝐈𝐍𝐓𝐄𝐑𝐒𝐈𝐄𝐆 : Je suis un modeste compositeur de 35 ans, qui fait de la musique depuis près de 20 ans, par besoin cathartique mais qui ne cherche pas à en faire son métier (j’ai déjà un métier à côté), sans enfant et qui habite à Nancy en Lorraine.
Sinon, je suis un homme plein de paradoxes : simple et complexe à la fois ; un perfectionniste qui abandonne facilement ; un rêveur qui a peur de rêver et que les cauchemars rassurent ; j’ai constamment la tête dans la lune tout en ayant un pied sur Terre et l’autre dans le vide ; la mort me fascine et m’obsède autant qu’elle me dégoûte…
𝐍𝐔𝐍𝐀 : Quelle est ton histoire de vie ?
𝐖𝐈𝐍𝐓𝐄𝐑𝐒𝐈𝐄𝐆 : Eh bien, je suis né à Nancy en 1987, j’ai eu une enfance heureuse avec des parents, deux grands frères et une petite sœur aimants et toujours présents pour moi. Tout petit, j’étais plein de vie, je chantais du Thiéfaine à tue-tête à l’âge de 2 ans, je parlais à tout le monde… Puis, à partir de la primaire, mon comportement a commencé à changer.
Je suis né aveugle d’un œil, du coup j’ai un strabisme divergent et c’est en primaire que les premières moqueries ont commencées. C’est quand je me suis rendu compte que mon handicap physique allait être un handicap social que j’ai commencé à devenir de plus en plus timide et mélancolique, à me renfermer sur moi-même et à avoir peur des gens, à marcher en fixant le sol… Quand mes parents, qui me sur-couvaient déjà beaucoup depuis la naissance (tout comme le faisaient également mes frères et mes grands-parents, et même ma petite sœur !), ont remarqué que je commençais à souffrir de ce handicap, ils m’ont surprotégé davantage. J’ai donc développé une forme d’anxiété sociale et je suis devenu incapable d’affronter le regard des autres, d’assumer des responsabilités, de me sentir à l’aise en dehors du cercle familial et amical (et encore, j’étais timide même avec mes grands frères !). Je souffre encore de ce complexe aujourd’hui. Mais je n’en ai jamais voulu à mes parents, je les aime et leur serai toujours reconnaissant pour ce qu’ils ont fait, et font encore, pour moi.
Bref, à cela on peut rajouter le divorce de mes parents quand j’avais 16/17 ans, qui s’est passé dans la souffrance et dans les larmes, et a été extrêmement violent et m’a traumatisé ; ainsi que l’infidélité de ma première copine quand j’avais 16 ans, puis de la suivante quand j’en avais 19 ; et tu obtiens une personnalité torturée et un adulescent au tempérament mélancolique, dépressif dont la vie est rythmée par l’anhédonie et le pessimisme.
𝐍𝐔𝐍𝐀 : Depuis quand et comment est entrée la musique dans ta vie ?
𝐖𝐈𝐍𝐓𝐄𝐑𝐒𝐈𝐄𝐆 : Comme je le disais plus haut, dès l’âge de 2 ans, mes frères et leurs copains me faisaient écouter du Hubert Félix Thiéfaine et je me trimballais partout avec mon radio cassette Playskool en chantant, en yaourt bien évidemment, des chansons dont je ne comprenais rien. Mais ce n’est que vers l’âge de 8 ans que j’ai commencé à écouter la musique plutôt que de simplement l’entendre. Un de mes grands frères, qui a 10 ans de plus que moi, était « keupon » quand il était jeune et me faisait des cassettes compilant les meilleurs morceaux des groupes qu’il écoutait. Il n’y avait que du punk francophone (les Bérurier Noir, Banlieue Rouge, Ludwig Von 88, les Garçons Bouchers…). J’adorais l’énergie que dégageaient tous ces groupes, il y avait ce côté rebelle, que je ne percevais pas encore tout à fait au début vu mon âge, mais que je ressentais inconsciemment. Ça me défoulait d’écouter ce genre de musiques, moi qui était timide et introverti, ça me libérait.
Vers l’âge de 10/11 ans, avec l’arrivée d’internet dans les foyers, je pouvais aller chercher les paroles et j’ai commencé à chanter, toujours à l’abri des regards, des textes que je ne comprenais pas, pour la plupart, de groupes engagés politiquement qui dénonçaient des injustices et crachaient leur haine envers des personnes dont j’ignorais totalement l’existence, étant encore trop jeune pour m’intéresser à la politique (je ne m’y intéresse pas plus aujourd’hui !). C’est vers l’âge de 12 ans, quand j’ai commencé à comprendre les textes et à me rendre compte du côté militant et politisé du punk que je m’en suis désintéressé. Je ne voulais pas écouter de la musique prônant tel ou tel idéal politique, scandant des messages pro ceci ou anti cela… Pour moi, politique et musique n’avaient rien à faire ensemble, et puis de toute façon, il me fallait plus de violence musicale, plus d’émotions, quelque chose de plus extrême, sans être politisé. J’ai donc découvert le metal grâce à un copain du collège, qui m’avait prêté le Black Album de Metallica et ça a été le début d’une révélation. Je dis le début car, même si j’aimais beaucoup, ce n’était pas encore tout à fait ce dont j’avais besoin.
Mes parents nous emmenaient souvent à la médiathèque et avec notre abonnement, on pouvait emprunter 3 CDs par semaine. Je choisissais donc 3 albums dans le rayon metal, en fonction de la pochette car on n’avait pas YouTube à l’époque, internet commençait seulement à se démocratiser et on ne trouvait pas grand-chose, du moins, on ne savait pas trop où et comment chercher quoique ce soit sur l’internet. C’est comme ça que j’ai découvert le black metal avec l’album Midian de Cradle of Filth, qui venait de sortir, et là ça a été la révélation ultime, c’était exactement le type de musique qu’il me fallait. Puis j’ai creusé plus profondément dans ce style, je suis rapidement tombé dans le black dépressif, ce qui, en y repensant avec le recul, a eu une influence plutôt néfaste sur mon développement psychologique, étant un ado avec un mal être qui commençait à s’affirmer, influençable, comme tous les adolescents. Ce n’était pas vraiment sain, à 13/14 ans, de vouer un culte à des groupes qui prônaient le suicide et l’autodestruction, dont les membres s’auto-mutilaient sur scène et utilisaient comme pochettes d’albums, des photos d’eux les bras en sang… Disons que, même si j’avais déjà entamé le processus d’auto dévalorisation depuis bien avant, ça a, en quelque sorte, nourri mon penchant pour la mélancolie et fertilisé le terrain de ma psyché sur lequel germeront, quelques années plus tard, les graines de la dépression…
À 14 ans, j’ai voulu apprendre à jouer de la guitare, mon père m’a appris à lire une tablature, il m’a prêté sa guitare acoustique et j’ai bossé tout seul de mon côté. Il avait accepté de m’acheter une guitare électrique, mais à la condition que je n’abandonne pas au bout de deux mois de pratique avec sa guitare acoustique. Je pense qu’il n’y croyait pas vraiment, mais j’ai tenu bon et j’ai eu ma première guitare électrique avec un ampli. Ensuite, j’ai commencé à composer, puis enregistrer et voilà où j’en suis aujourd’hui.
𝐍𝐔𝐍𝐀 : Dans ces magnifiques 2 premiers albums d’ETAT LIMITE sortis en mai et octobre 2022, du nom de « L’affrontement De L’intime » et « Chaque Être Est Un Hymne Détruit », on côtoie toute la maturité avec laquelle sont exprimés et mis en musique, les symptômes qui habitent les personnes vivant avec des troubles de santé mentale tels que, justement, l’état limite.
Dans ces albums, on y sent une implication très profonde et personnelle ainsi qu’une sorte de naissance ou d’une toute nouvelle maturité artistique.
Comment ont-ils été conçus (quelles ont été tes inspirations, facteurs déclencheurs) et comment sont-ils nés (durée, lieu ou période de création)?
𝐖𝐈𝐍𝐓𝐄𝐑𝐒𝐈𝐄𝐆 : Pour répondre à ta question, il me faut revenir à la naissance du projet Etat Limite.
Début 2020, lors du premier confinement, j’ai eu l’envie de recomposer du black metal Je n’avais rien composé dans ce style depuis 2015 car je m’étais principalement consacré à mon rôle de chanteur dans mes deux anciens groupes, Lying Figures et Octavion. J’avais un peu perdu l’inspiration, pendant ces 5 années, j’avais juste composé quelques morceaux pour le premier album de Lying Figures. Je me suis donc lancé dans la composition d’un album, l’idée étant, à la base, de faire un nouvel album de Deinos Mastema. J
J’ai composé et enregistré une quinzaine de titres en une semaine à peu près. Une fois tous les morceaux finalisés, je me suis rendu compte que j’avais pas mal évolué depuis 2015, mes compos étaient plus abouties, plus travaillées, plus profondes que tout ce que j’avais fait avec Deinos Mastema jusqu’alors. Il me paraissait donc plus judicieux de me détacher de ce projet, qui m’a permis de mettre un pied dans le monde de la musique, mais qui m’a fait découvrir le revers de la médaille quand on partage sa musique : affronter la critique. Il y a eu plusieurs chroniques de mes premières productions, qui datent de 2006, quelques unes assez positives, mais d’autres bien plus négatives, dont certaines vraiment violentes, qui s’apparentaient plus à du jugement de valeurs et de l’attaque personnelle qu’à de la critique constructive sur le plan musical. Avec le recul, je suis d’accord sur le fait que ce que j’ai fait à mes débuts était objectivement mauvais et ça fait au moins 15 ans que je refuse de réécouter mes premières productions car j’en ai presque honte…
Bref, il se trouve que lorsque l’on cherche Deinos Mastema sur Youtube, on tombe sur tous mes vieux morceaux, qui ont été uploadés à l’époque par tout un tas d’inconnus, et je ne voulais pas que l’on assimile mes nouvelles compositions à de la musique de mauvaise qualité, sans originalité et sans intérêt. J’ai donc pris la décision de repartir de zéro en créant un tout nouveau projet et à l’époque, début 2020 donc, on venait de me diagnostiquer un trouble de la personnalité limite ou état limite, et c’est ainsi que j’ai nommé ce nouveau projet.
𝐖𝐈𝐍𝐓𝐄𝐑𝐒𝐈𝐄𝐆 : Il a fallu que je fasse une sélection parmi la quinzaine de morceaux que j’avais enregistrés, car je ne pouvais pas sortir un album de 15 titres ! J’en ai choisi 9, plutôt au hasard, et ça a donné « L’Affrontement de l’Intime ». J’ai travaillé sur le mixage pendant plus d’un an, sachant que j’étais totalement novice en ce qui concerne la production et le travail sur le son.
J’ai, en parallèle, passé plusieurs annonces pour trouver un chanteur qui accepterait de poser sa voix sur mes morceaux, en utilisant mes textes et je suis tombé sur Usher, qui a très vite cerné mon univers et a fait un excellent travail sur cet album. Une fois l’album terminé, j’ai passé quelques annonces pour trouver un label pour le produire, sans trop y croire. J’ai été contacté par Laurent du label Huard Productions, qui était en relation avec le webzine/label France, Black, Death, Grind. Ils ont tous les deux cru à ce projet et ont décidé de produire l’album. C’est grâce à eux que les choses ont pu se concrétiser, ils ont énormément fait dans le développement de la visibilité d’Etat Limite et je leur en serai éternellement reconnaissant. Sans eux, j’aurais très probablement sorti l’album en téléchargement gratuit sur Bandcamp, dans l’indifférence la plus totale, ou peut-être aurais-je même laissé tomber le projet.
𝐖𝐈𝐍𝐓𝐄𝐑𝐒𝐈𝐄𝐆 : En ce qui concerne le deuxième album « Chaque être est un Hymne Détruit », ce devait être un EP à la base, regroupant quelques-uns des morceaux que je n’avais pas retenus pour le premier album, qui étaient quasiment prêts à être utilisés car déjà enregistrés et mixés, les textes écrits, ne manquait plus qu’à enregistrer le chant. Cependant, la durée totale de l’ensemble de ces morceaux dépassait largement les 40 minutes, ce qui est trop long pour le format EP, mais trop court pour un album d’Etat Limite (le premier album dépassait l’heure).
J’ai donc composé quelques morceaux supplémentaires en deux ou trois jours, pour en faire un véritable album. Tout était bouclé et prêt à sortir quelques semaines après la sortie de « L’Affrontement de l’Intime », ce qui explique ce court laps de temps entre les deux sorties. Cet album est encore plus personnel que le premier, je suis allé plus loin dans l’expression de mes émotions dans mes textes et j’ai quasiment tout fait tout seul. En plus de la composition, l’enregistrement et le mixage des musiques, je me suis chargé du chant sur 7 des 9 morceaux, j’ai fait tout l’artwork du digipack et j’ai coproduit l’album avec Huard Productions, via mon petit label indépendant Infinitum Malum Productions. J’ai tout de même tenu à faire participer Usher sur deux morceaux, je ne voulais pas l’écarter du projet car Etat Limite n’est pas un projet solo, Usher fait partie intégrante du projet mais les textes étaient trop personnels pour que je lui demande de les chanter.
Je me suis livré sans aucun filtre en abordant certains sujets qui sont propres à ma personnalité et qui sont parfois assez sensibles et difficiles à assumer, car très stigmatisés par la majorité de la population. Je me devais d’assumer jusqu’au bout mes propos en les exprimant moi-même, propos qui, même si j’utilise beaucoup de métaphores pour éviter de nommer clairement les choses, peuvent être choquants et heurter la sensibilité de certaines personnes, et là, je ne parle pas de n’importe quel quidam mais de mes proches. Le chant une fois enregistré, j’ai fait un dernier travail de mixage et de mastering, et j’ai décidé de lancer la production de l’album pour une sortie en octobre, ce qui peut paraître précipité, mais c’est une décision mûrement réfléchie et assumée.
𝐍𝐔𝐍𝐀 : Aborder avec autant de poésie l’intime des troubles psychiques laisse à penser que la composition tant des textes que des musiques, a nécessité beaucoup d’introspection et de solitude. Est-ce le cas ?
𝐖𝐈𝐍𝐓𝐄𝐑𝐒𝐈𝐄𝐆 : De solitude, pas forcément. J’ai la chance d’être bien entouré, j’ai une famille aimante et soudée, pas mal d’amis que je connais depuis près de 15 ans. Comme j’ai l’habitude de le dire, la solitude, je l’aime quand je la choisis mais je la déteste quand je la subis. C’est important pour moi de garder un lien avec ma famille et mes amis, même s’il m’arrive parfois d’avoir des périodes où je vais avoir tendance à m’isoler sans m’en rendre vraiment compte, et que je fais un métier qui me prend énormément de temps (je travaille 7j/7, pas de week-end, pas de vacances). Alors, quand j’ai créé Etat Limite et que j’ai composé les albums, on était en plein confinement donc, forcément, il y avait une certaine part de solitude dans mon quotidien d’alors, mais nous étions toutes et tous plus ou moins dans le même cas, et je faisais de temps en temps des apéros-visio avec mes amis ou ma famille.
Quant à l’introspection, effectivement il y a certainement eu un travail introspectif, mais ce n’est pas si évident. Je suis quelqu’un d’impulsif et, quand il s’agit de musique, l’inspiration vient par fulgurances et en fonction de mes émotions. Dès que j’en ressens le besoin, il faut que je compose dans l’instant car je peux passer d’un état à un autre en un claquement de doigts et à tout moment. Je peux avoir un trop plein d’inspiration et l’envie et la motivation de composer, d’exprimer ce que je ressens à l’instant T, puis d’un coup, être tout l’inverse : démotivé, plus d’envie, incapable de trouver la force de prendre ma guitare, et rester au lit à ne rien faire d’autre que cogiter et subir, toujours subir. Pour reprendre le concept freudien de l’inconscient/conscient, disons que mon « ça » a une voix puissante et mon « sur-moi » n’a pas toujours le courage de lutter et mon « moi » abandonne.
J’ai la chance de connaître, dans la plupart des cas, l’état de « sublimation », toujours pour rester dans la métaphysique freudienne, cet état où l’on redirige ses pulsions qui ont, selon Freud, toutes une origine sexuelle au sens large, vers des occupations artistiques ou culturelles, pour éviter qu’elle ne deviennent des névroses. Alors ça ne fonctionne pas à chaque fois, d’où la présence de symptômes névrotiques dans ma psyché. Donc je dirais que mes musiques et mes textes sont le fruit d’un travail impulsif et irréfléchi, plus que d’un travail profondément et purement introspectif.
𝐍𝐔𝐍𝐀 : Pourquoi avoir fait appel à un autre musicien ?
𝐖𝐈𝐍𝐓𝐄𝐑𝐒𝐈𝐄𝐆 : Quand j’ai créé Etat Limite, j’avais dans l’idée d’en faire un vrai groupe. J’ai passé quelques annonces mais je n’ai pas réussi trouver des musiciens intéressés par le projet donc j’ai rapidement laissé tomber cette idée. Puis, je suis parti sur l’idée d’un projet solo, comme j’ai l’habitude de travailler seul, cela me paraissait être la meilleure solution. Mais avec les confinements, nous ne pouvions plus répéter avec Lying Figures et je ne bosse jamais le chant en dehors des répétitions. Ajoute à cela une dépression sévère et des cordes vocales abîmées par certains de mes abus, j’avais énormément perdu en capacités vocales, je n’avais plus rien dans le sac pour dire les choses franchement. Tout cela a entraîné, chez moi, une énorme baisse de motivation et m’a fait perdre le goût du chant. Je me sentais donc incapable d’assurer le chant sur le premier album.
Alors J’ai pris la décision de partir à la recherche d’un chanteur. J’ai eu quelques réponses à mes diverses annonces, plusieurs chanteurs m’ont envoyé un essai sur un morceau que je leur avais envoyé avec le texte. Fred aka Usher faisait partie des tous premiers et, dès les premières minutes de l’écoute de son interprétation du morceau, mon choix était fait et j’avais trouvé, quasiment du premier coup et assez rapidement, la voix que je recherchais pour Etat Limite. Usher a une voix puissante et une palette vocale riche et variée, il est aussi doué dans le scream typiquement black metal que dans le growl et dans les voix claires. Et en plus, humainement, les connexions se sont faites naturellement, le courant est tout de suite passé entre nous et il me paraissait très motivé à l’idée de participer au projet. Nous ne nous sommes jamais rencontrés, nous n’habitons pas la même région, nous avons toujours échangé par écrit uniquement, mais avec lui, les choses se font efficacement et je n’ai pas besoin de lui donner trop de directives, il comprend tout rapidement. Je lui fais entièrement confiance et jusqu’à présent, il ne m’a jamais déçu. Il a très vite cerné mon univers, mes attentes et mon état d’esprit, il s’est approprié mes textes en y apportant sa patte et je lui laisse une liberté totale. Je lui ai demandé d’écrire lui-même ses propres textes sur deux morceaux de « L’Affrontement de l’Intime » (l’Homme sans visage et Le Damné Hanté) et ses mots auraient pu être les miens et s’intègrent parfaitement dans le reste de l’album.
J’ai tout de même enregistré le chant sur le titre éponyme de cet album. J’ai énormément galéré, pour les raisons évoquées plus haut, mais ma voix commençait à doucement revenir et ça m’a redonné l’envie de chanter. Bon je suis encore très loin du niveau que j’avais il y a quelques années, mais je pense que si je bossais un peu de temps en temps, ça finirait par revenir, mais je n’ai pas le temps…
𝐍𝐔𝐍𝐀 : As-tu prévu d’intégrer d’autres musiciens au projet ?
𝐖𝐈𝐍𝐓𝐄𝐑𝐒𝐈𝐄𝐆 : Non, pas en tant que membres permanents du projet en tout cas.
Usher et moi-même sommes les seuls membres officiels d’Etat Limite. Cependant, j’ai envie de faire participer des guests à l’avenir. D’ailleurs, pour le prochain EP, j’ai demandé à Laurent de Huard Productions, qui a lui aussi un projet de black metal du nom de « Sven Mor », s’il était d’accord pour chanter sur l’un des morceaux, et il a accepté avec grand plaisir.
𝐍𝐔𝐍𝐀 : On sait que d’être atteint de troubles psychiques amène pour beaucoup de personnes à une baisse de l’estime de soi, à subir un enfermement et un isolement social… De manière générale, penses-tu que la musique permet de sortir de cette solitude et de créer du lien social ?
𝐖𝐈𝐍𝐓𝐄𝐑𝐒𝐈𝐄𝐆 : C’est le cas pour certains, pour d’autres, ça l’est moins. La musique a le pouvoir de rassembler mais aussi celui de diviser. En France, il est courant de voir les différentes communautés musicales se tirer dans les pattes. Il y a les éternelles guéguerres entre les métalleux et les rappeurs, entre les métalleux eux-même, suivant le style de metal qu’ils écoutent. Pour les métalleux, ceux qui écoutent de l’électro sont des drogués ; pour les gens qui écoutent de la variété, les métalleux sont des alcooliques ; pour les vieux, les rappeurs sont des délinquants… Il existe tout un tas de stéréotypes et d’apriori du même genre dans le monde de la musique. Alors oui, je fais des raccourcis et des généralités un peu faciles, tout le monde n’a pas nécessairement ce genre d’apriori, ceux qui sont ouvert d’esprit musicalement, mais beaucoup, encore aujourd’hui, ont ce genre de réflexions.
En ce qui me concerne, lorsque j’étais adolescent et jusqu’à 19/20 ans, la musique a eu plutôt tendance à m’isoler. À l’époque, j’étais à fond dans le black metal, je vivais black metal, rien d’autre n’avait d’importance à mes yeux et mes oreilles. Je n’avais aucune ouverture d’esprit, totalement abruti et influencé par les propos tenus par les groupes que j’admirais et pour qui le black metal était plus qu’un simple style de musique, c’était un véritable mode de vie. Il fallait suivre les codes établis par les groupes scandinaves de la deuxième vague du début des années 90 (qui, pour la plupart, ne valent plus grand-chose aujourd’hui) sinon on te traitait de trend ou de poser et tu perdais toute légitimité dans le milieu. Il y avait un certain élitisme dans le black metal qui a fini par me gonfler. Je ne sais pas si c’est encore le cas aujourd’hui…
Puis j’ai évolué, je me suis totalement éloigné du milieu black metal car je n’en pouvais plus de devoir être plutôt que d’être, je me suis ouvert et j’ai découvert d’autres styles de musiques tout aussi intéressants, je me suis fait de nouveaux amis, beaucoup de métalleux et d’autres pas du tout… La musique m’a fait vivre des moments inoubliables, aussi bien en groupe et donc acteur de la scène qu’en tant que simple auditeur. J’ai rencontré des gens formidables, d’autres beaucoup moins, j’ai eu l’occasion de jouer dans plusieurs pays, j’ai dansé des nuits entières sur de l’électro en boite de nuit avec les potes, on m’a fait découvrir et même aimer des groupes ou des artistes que je n’aurais jamais pris la peine d’écouter avant, j’ai réussi à faire aimer certaines musiques metal à des gens qui étaient totalement hermétiques à ce style…
Pour résumer, la musique a alimenté ma solitude pendant mon adolescence mais elle m’a aussi apporté beaucoup de positif à l’âge adulte. Elle m’a permis de m’exprimer pleinement, rendant les moments pénibles un peu moins pénibles, faire de la musique m’a sauvé la vie plus d’une fois.
J’ai pu connaître la satisfaction, chaque fois que l’on venait me voir après avoir chanté sur scène pour me féliciter ; la gratitude, en recevant des messages de soutien venant du monde entier quand j’ai pris la décision, à contre-cœur, de quitter Lying Figures…
Aujourd’hui, Etat Limite me permet de m’épanouir artistiquement et chaque message d’encouragement et de soutien, chaque commentaire où j’ai pu lire du bien concernant ma musique (je ne m’attarde plus sur les avis négatifs, il en faut bien), ça a une grande importance à mes yeux, pour quelqu’un qui n’a aucune confiance en lui… Tout ça, c’est à la musique que je le dois. Je conclurai par une citation de Nihil Messtavic : « La musique soigne les maux tout autant qu’elle les révèle. ».
𝐍𝐔𝐍𝐀 : Tu as connu d’autres projets solo avant ETAT LIMITE, est-ce que aujourd’hui tu délègues les tâches telles que les enregistrements, les arrangements, la créations des visuels, la communication (promotion / marketing), etc ? Comment ça se passe ?
𝐖𝐈𝐍𝐓𝐄𝐑𝐒𝐈𝐄𝐆 : Quand j’étais en groupe, je ne me chargeais que des textes et du chant (parfois de la composition) et je laissais les autres s’occuper de tout le reste. Avec Etat Limite, je fais quasiment tout, tout seul. Je m’occupe de la composition et de l’enregistrement des musiques, du mixage et du mastering, de l’écriture de la majorité des paroles, du chant sur plusieurs morceaux, de quasiment tout l’artwork des albums (à l’exception de la pochette du premier album qui a été réalisée par mon ami, le talentueux Hugo Greiveldinger), de la communication et de la promotion, et j’ai coproduit avec mon label le deuxième album et la réédition du premier.
Usher enregistre le chant de son côté et participe à l’écriture des textes. Quand il a commencé à bosser sur le premier album, il m’avait juste demandé si il pouvait arranger légèrement les textes pour que ce soit plus simple pour lui de poser le chant, au niveau des placements et de la rythmique. Je lui ai donné mon accord, tant qu’il conservait le sens de ce que je voulais exprimer et que les changements n’étaient pas trop important. Il n’a fait que des arrangements minimes, changé quelques mots ou tournures de phrases, et ça me convenait parfaitement. Il a toujours soutenu mes prises de décisions quant à la gestion du projet et n’a jamais émis d’objections ou de doutes sur ma façon de faire, et c’est pour ça que notre duo fonctionne aussi bien.
Etat Limite est mon projet le plus personnel, celui pour lequel je dépense le plus de temps et d’énergie physique et psychologique, et, même si je suis ouvert aux suggestions, j’ai besoin d’avoir un contrôle total sur mon travail et d’avoir le dernier mot sur les décisions à prendre quand j’estime que ça ne peut pas nuire au projet. C’est ce qui a bloqué avec le label France, Black, Death, Grind et qui a fait que j’ai décidé de ne plus travailler avec eux. Alors qu’on soit bien clair et je l’ai toujours dit, ils ont fait énormément pour Etat Limite, et je suis content d’avoir travailler avec eux. C’est en partie grâce à eux et à toute l’énergie qu’ils dépensent pour aider les petits groupes de metal extrême français, car ce sont des passionnés, que « L’Affrontement de l’Intime » a vu le jour et qu’il s’est aussi bien vendu, pour un premier album d’un groupe qui débarque de nulle part. Etat Limite n’aurait jamais eu autant de visibilité sans leur investissement et leur dévotion sans faille. Je ne vais pas rentrer dans les détails car l’histoire est, au final, plutôt inintéressante et personnellement je n’ai rien contre eux, c’est juste que l’on a eu un désaccord qui ne nous permettait pas de pouvoir poursuivre notre collaboration pour le deuxième album.
Et, last but not least, je voudrais saluer le travail de Laurent de Huard Productions qui, lui aussi, a beaucoup fait et continue de faire pour Etat Limite. Il a été la première personne à croire en ce projet, il a toujours été d’un grand soutien, humainement et financièrement, il ne m’a jamais imposé la moindre condition et je suis heureux de travailler avec une telle personne. Il est foncièrement gentil et bienveillant, il fait tout pour préserver le travail et l’intégrité de chaque artiste qu’il produit et n’agit que dans leur intérêt. Il fait, en quelque sorte, partie du projet Etat Limite, il en est le producteur et le porte-étendard, et je préfère largement travailler avec lui et son tout petit label, plutôt que de signer chez un plus gros label.
𝐍𝐔𝐍𝐀 : La musique semble pour toi être un mode de communication permettant d’exprimer tes ressentis et ce que tu vis et ressens au fond de toi, est-ce ton activité principale ou tu en as d’autres, peut-être différentes en parallèle ?
𝐖𝐈𝐍𝐓𝐄𝐑𝐒𝐈𝐄𝐆 : C’est ce qui occupe la majorité de mon temps libre mais je ne tiens pas à en faire mon métier ni à en vivre. Cela fait bien longtemps que la musique n’est plus une passion pour moi, dans le sens où j’en écoute peu au final, très peu de metal en fait, et je peux très bien me passer d’en écouter pendant plusieurs jours, je ne ressens plus le besoin d’écouter de la musique. En revanche, j’ai un réel besoin d’en faire, de créer, de composer. C’est mon exutoire, un véritable exercice cathartique qui est presque vital pour moi si je ne veux pas devenir réellement fou.
Non mon activité principale et qui me prend énormément de temps, c’est mon métier de dogsitter professionnel. J’ai créé ma micro entreprise de dog-sitting en mai 2021, et aujourd’hui, ça marche très fort. J’arrive à en vivre correctement mais je travaille tout le temps, du lundi au dimanche, je ne prends pas de vacance. J’ai jusqu’à 5 chiens par jour, parfois ce n’est que pour une journée de temps en temps, parfois c’est en pension complète sur plusieurs jours voire semaines. Et, bien que dans l’inconscient collectif, c’est perçu comme un simple job d’étudiant pour arrondir les fins de mois, je peux t’assurer que c’est un vrai métier qui demande beaucoup d’énergie, de patience, d’attention et de sacrifices. Comme j’ai des chiens tous les jours depuis près d’un an, je n’ai plus trop de vie sociale. Je vois beaucoup moins mes amis et ma famille… Mais c’est un métier qui me passionne et j’adore ce que je fais !
Les animaux ont un pouvoir apaisant, ils ne te jugent pas, ils ne t’embêtent pas avec leurs problèmes, ils ne demandent que de l’attention et de l’amour. Et de l’amour, je leurs en donne énormément et ils me le rendent bien. Je me sens mieux en compagnie des animaux qu’en compagnie des humains. Quand on n’est pas en balade, ils font la sieste, de longues siestes, ce qui me laisse le temps de faire de la musique.
Sinon, je lis beaucoup également, des auteurs comme Lovecraft, Edgar Allan Poe, Charles Baudelaire, Emily Dickinson, David Gemmell… Beaucoup d’essais philosophiques d’Emil Cioran, Schopenhauer, Nietzsche, Nihil Messtavic, Roland Jacquard, Alphonse Rabbe… Ainsi que beaucoup d’ouvrages sur la psychologie et la psychanalyse, de Freud principalement, et tous les livres que je peux trouver sur le trouble de la personnalité limite, sur les troubles et désordres mentaux en général…
𝐍𝐔𝐍𝐀 : Où trouves-tu l’inspiration pour composer?
𝐖𝐈𝐍𝐓𝐄𝐑𝐒𝐈𝐄𝐆 : Alors cela va peut-être paraître un peu convenu voire ridicule, mais c’est la vie qui m’inspire, ma vie principalement et ce monde dans lequel j’ai l’impression de ne pas avoir ma place. Ce serait probablement la même chose dans un autre monde, même s’il était parfait ceci dit. Je dois vivre en permanence sous l’influence, parfois néfaste, de mes émotions. J’en suis un peu l’esclave impuissant et je les subis plus que je ne les vis.
Quand je compose un morceau, je me laisse guider par ces émotions envahissantes. Je ne pense à aucun groupe, à aucun style, je ne cherche pas à sonner comme tel ou tel genre musical. Bien sûr, il y a forcément des groupes qui m’ont influencé quand j’ai commencé à composer, il y a 20 ans, mais quand j’écoute ces groupes aujourd’hui, je me rends compte que la musique d’Etat Limite est assez différente des albums que j’ai écoutés en boucle et qu’il m’arrive encore d’écouter de temps en temps. J’ai pu lire que la musique d’Etat Limite devrait plaire aux amateurs de post black… Je n’écoute pas du tout de post black, le peu que j’ai pu en entendre ne m’a pas parlé et, comme je le disais plus haut, j’écoute assez peu de musique, et très peu de metal. Je ne m’intéresse quasiment pas à ce qui se fait depuis une dizaine d’années. Il m’arrive tout de même de tomber de temps en temps sur des choses récentes et de les apprécier, mais ça ne va pas plus loin que quelques écoutes. J’écoute plus d’électro, au sens large, de dark ambient, de post rock et de trap que de metal. Quand j’écoute du black, ce sont, en général, toujours les mêmes albums que j’écoutais déjà il y a 15/20 ans. Donc, musicalement, je ne saurais pas vraiment te dire ce qui m’inspire. Tout se passe vraiment dans le ressenti de mes états d’âme.
Pour mes textes, c’est plus ou moins la même chose. Je parle principalement de ce qui me touche personnellement, de ce que j’ai vécu ou je vis au quotidien, que ce soit propre à mon trouble de la personnalité ou d’autres pathologies psychiatriques dont j’ai été témoin lors des rencontres que j’ai pu faire en hôpital psychiatrique. J’aborde aussi les choses avec une certaine philosophie du pessimisme qui, là, est grandement inspirée par Emil Cioran. Mais, encore une fois, ce sont mes émotions qui guident ma plume. Je ne joue pas de rôle, je suis 100% honnête et en accord parfait avec mes propos.
𝐍𝐔𝐍𝐀 : As-tu une ou des idoles ou mentors ?
𝐖𝐈𝐍𝐓𝐄𝐑𝐒𝐈𝐄𝐆 : Musicalement, mes idoles sont Léo Ferré et Hubert Félix Thiéfaine. Je n’admire pas ces artistes pour ce qu’ils sont en tant qu’homme, c’est purement artistique. J’adore leur écriture poétique et assez mélancolique.
Sinon mon mentor, et ceux qui connaissent Etat Limite et qui ont acheté les albums et lu les livrets l’ont sûrement constaté, c’est Emil Cioran. J’ai découvert ce philosophe en 2015 grâce à mes anciens collègues de Lying Figures, et ça a été une vraie révélation. J’ai commencé par lire « Syllogismes de l’amertume », qui est un recueil d’aphorismes d’une puissance pessimiste et nihiliste incroyable. Chacune de ses citations est une redoutable punchline de noirceur. J’ai ensuite lu son premier essai, « Sur les Cimes du Désespoir », qu’il a écrit alors qu’il n’était âgé que de 22 ans en 1933, et j’en suis ressorti bouleversé tellement je me suis reconnu dans sa philosophie et sa façon de penser. C’est d’une beauté et d’une tristesse sans pareille, et le reflet de ce que je peux éprouver au quotidien.
𝐍𝐔𝐍𝐀 : Fais-tu des représentations publiques / concerts ? Si oui où et quand ?
𝐖𝐈𝐍𝐓𝐄𝐑𝐒𝐈𝐄𝐆 : J’en ai fait plusieurs quand j’étais chanteur en groupe, avec DevilInside, Octavion et surtout Lying Figures. J’ai beaucoup joué en Belgique flamande et aux Pays-Bas, une fois en Suisse et en Italie, et un peu partout en France. J’en ai bien profité mais aujourd’hui, la scène ne me manque pas plus que ça. Déjà, je suis quelqu’un qui va très rarement voir des concerts, je ne me souviens même plus quand c’était la dernière fois que j’en ai vu un, et l’ambiance, le stress avant de monter sur scène, les salles vides, ou presque, le public qui s’en fout du groupe en train de jouer, etc, tout ça ne m’attire plus vraiment. Donc, à ce jour, mais peut-être que ça changera un jour qui sait ?, il n’est pas prévu que je remonte sur scène que ce soit avec Etat Limite ou avec un autre groupe.
𝐍𝐔𝐍𝐀 : Y a-t-il des choses que tu souhaiterais voir améliorer dans ta vie d’artiste ? Quoi ?
𝐖𝐈𝐍𝐓𝐄𝐑𝐒𝐈𝐄𝐆 : Artistiquement, non pas vraiment. Je suis heureux dans ce que je fais avec tous mes projets et je ne cherche pas à devenir meilleur. Les choses me conviennent parfaitement comme elles sont à ce jour. C’est plus en ce qui concerne le travail de mixage et de mastering que j’aimerais m’améliorer, afin d’avoir un meilleur son et ne plus faire les mêmes erreurs, que la plupart des auditeurs ne perçoivent pas forcément, mais qui, en ce qui me concerne, me rendent fou. Je ne vais pas m’étendre davantage sur le sujet car il faudrait que j’aborde des détails très techniques, qui concernent le mixage pur.
𝐍𝐔𝐍𝐀 : Que va t-il se passer ensuite pour ETAT LIMITE ?
𝐖𝐈𝐍𝐓𝐄𝐑𝐒𝐈𝐄𝐆 : Je viens de sortir deux singles de 3 titres et j’ai bientôt terminé le troisième, qui devrait sortir d’ici quelques jours, uniquement sur les plateformes d’écoute en ligne. Ces trois singles sont liés et font partie d’une série que j’ai appelée « La Galerie des Torturés ». Ils sont vraiment à part dans la discographie d’Etat Limite car j’ai fait pas mal d’expérimentations qui s’éloignent de ce que j’ai l’habitude de faire avec ce projet. Je sais que ça en a déstabilisé pas mal et les deux premiers singles n’ont pas eu un grand succès, mais cela m’importe peu. C’était important pour moi de le faire, alors je l’ai fait. Mais que les auditeurs se rassurent, les prochaines productions d’Etat Limite seront dans la lignée des deux premiers albums et sonneront comme du Etat Limite.
Ce que je peux donc t’annoncer, en ce qui concerne l’avenir, c’est déjà la sortie d’un EP, nommé « Précis de Décomposition », courant 2023, qui sera composé de 6 morceaux : 4 titres inédits, que j’ai composés et enregistrés récemment, une reprise que je me suis amusé à faire d’un morceau du premier album de Lying Figures (une façon pour moi de rendre hommage à un groupe qui a fait partie de ma vie pendant plus de 10 ans), à la sauce Etat Limite bien entendu, et une reprise du morceau Etat Limite, du premier album, faite par le groupe fanfare Kärlek. C’est assez original et surprenant d’entendre un de ses morceaux repris en version « musique de fanfare », mais quand François, celui qui est un peu le chef d’orchestre de Kärlek m’a proposé l’idée, j’ai tout de suite accepté tellement je trouvais ça génial comme exercice.
Sinon, le troisième album, qui se nommera « Sur les Cimes du Désespoir » est déjà composé et enregistré. Il ne reste que les textes à écrire et le chant à enregistrer, mais avec Usher, on va prendre notre temps pour faire les choses bien. Je table sur une sortie fin 2023 / début 2024.
𝐍𝐔𝐍𝐀 : Merci infiniment d’avoir accepté ma toute première interview qui se termine ici. Cet échange a été humainement et artistiquement très enrichissant ! Grace à tes réponses nous allons pouvoir mettre aussi en lumière des artistes qui font partis de ton univers et dont les liens se trouvent en bas de page.
Souhaiterais-tu ajouter quelque chose ?
𝐖𝐈𝐍𝐓𝐄𝐑𝐒𝐈𝐄𝐆 : Je te remercie sincèrement Nuna, de m’avoir accordé l’opportunité de pouvoir parler de moi et de ma musique. Cette interview m’a demandé un gros travail de réflexion et j’espère que les lecteurs ne trouveront pas mes réponses trop longues et inintéressantes. Mais les questions sont tellement pertinentes, très travaillées et originales, par rapport aux interviews plus traditionnelles, que cela m’a grandement inspiré. Donc merci à toi et à toutes les personnes qui prendront le temps de jeter une oreille sur la musique d’Etat Limite et d’entrer dans mon univers particulier.